Les levures vivantes augmentent les taux de bactéries dégradant les fibres chez les bovins viande au pâturage

Les ruminants dépendent des microbes pour transformer les matières premières non digestibles, telles que les fibres végétales, en sources utilisables d’énergie et de protéines. Tout se passe à l’intérieur du rumen, qui constitue un énorme fermenteur et qui abrite un microbiote riche et diversifié. En raison de son rôle central dans la nutrition et la santé des vaches laitières et des bovins viande, le rumen est l’un des écosystèmes intestinaux les plus étudiés. L’alimentation à base d’herbe peut perturber le microbiote et l’environnement ruminal.

Par exemple, lors de la mise à l’herbe, l’acidose ruminale subaiguë (SARA) peut exercer un effet négatif sur le microbiote ruminal. Les techniques modernes reposant sur le séquençage ont permis de clarifier divers aspects liés aux performances et à la santé des ruminants. Le Centre d’excellence Lallemand dédié aux ruminants a été le premier à utiliser la recherche métagénomique pour étudier les interactions entre la levure vivante probiotique et l’écosystème ruminal. Voici l’une des dernières découvertes dans ce domaine.

Conditions de pâturage sec

Une étude sur des bovins a été réalisée par l’Université du Queensland, en Australie, en 2019, sur des bovins de boucherie en pâturage extensif. Les bovins ont reçu chaque jour un complément alimentaire sous forme de pierre à lécher de 300 g, soit seul (supplément témoin), soit avec ajout de la levure vivante Saccharomyces cerevisiae CNCM I-1077 (LEVUCELL SC). Les animaux disposaient à volonté de foin de Rhodes grass peu dégradable, appelé pâturage sec. Le liquide ruminal a été recueilli avant (T0h) et après (T4h) l’administration du complément. Le microbiote ruminal a été analysé par séquençage d’amplicons d’ARNr 16S.

 

Populations fibrolytiques stabilisées

L’analyse des données de séquençage a montré que, dans le groupe témoin, l ’abondance relative des différentes populations fibrolytiques (Fibrobacteres, Firmicutes) diminuait après la prise alimentaire.
Ce phénomène pourrait s’expliquer par le fait que chaque prise alimentaire (ici complément à lécher) affecte l’écosystème microbien du rumen, entraînant une réduction des populations fibrolytiques, qui sont très sensibles.
Les bovins ayant reçu les levures vivantes ont toutefois présenté une flore fibrolytique plus résistante, et une plus grande abondance de ces populations après la prise alimentaire. (Figure 1)

Conséquences sur les profils de fermentation ruminale

Outre l’analyse du microbiote, les chercheurs ont étudié les profils de fermentation ruminale. Ils ont observé une augmentation de la production de propionate (+ 8 %) et une diminution de la concentration d’ammoniac chez les bovins recevant l’alimentation supplémentée. Ces deux paramètres peuvent résulter de l’augmentation des populations fibrolytiques. La concentration en NH3 -N du rumen est étroitement liée à l’abondance et à l’activité des bactéries cellulolytiques, en particulier des Fibrobacteres. L’augmentation du taux de propionate correspond à une plus grande abondance de bactéries du phylum Fibrobacteres (le propionate représente une partie des acides gras volatiles [AGV] produits par ces Fibrobacteres).

Globalement, il a été montré que les levures vivantes spécifiques modulaient le microbiote ruminal des bovins élevés dans des conditions de pâturage extensif et se nourrissant de fibres végétales peu dégradables, notamment en augmentant l’abondance des populations fibrolytiques. Il en résulte une augmentation de la concentration de propionate et une meilleure utilisation de l’ammoniac, ce qui, dans ce programme, a eu un effet bénéfique sur les performances de croissance des bovins (amélioration du GMQ et de l’indice de consommation).