Aider à maintenir notre planète en bonne santé grâce au microbiote

11 Fév 2021

« Comprendre les émissions de méthane chez les ruminants pour mieux les réduire »

Les chercheurs et les éleveurs continuent de progresser vers un double objectif : 1) produire des aliments sans risques et sains qui permettront de faire vivre la population mondiale croissante, tout en 2) utilisant des méthodes de production écologiquement durables.

Les émissions de méthane des troupeaux sont une source relativement faible de production de gaz à effet de serre par rapport à d’autres émissions anthropiques (par exemple, le transport, l’industrie). Toutefois, l’industrie continue de contribuer positivement à l’effort mondial de lutte contre le changement climatique par de nouvelles recherches et de nouvelles pratiques de gestion.

Comprendre et exploiter le microbiote du rumen peut aider à atteindre cet objectif, estime Frédérique Chaucheyras-Durand, responsable de la recherche chez Lallemand Animal Nutrition.

Lallemand Animal Nutrition, en tant qu’expert de la recherche sur le microbiote du rumen et partenaire de longue date de l’INRAE. Lallemand fait partie d’un consortium de recherche sur les émissions de méthane chez les ruminants dirigé par l’INRAE, avec 10 autres parties prenantes. Le programme repose sur trois piliers : quantifier, comprendre et prévoir. L’objectif est de fournir des idées, des lignes directrices et des outils afin de développer à terme des solutions opérationnelles pour réduire les émissions de méthane provenant de l’élevage de ruminants.

Le 20 janvier, une réunion virtuelle de la conférence 3R a été organisée par le consortium, consacré à « Comprendre les émissions de méthane chez les ruminants pour mieux les réduire« . La réunion était organisée par l’INRAE et l’Institut de l’Elevage.

Le rôle des microbiotes pour réduire les émissions de méthane

Frédérique Chaucheyras-Durand, a contribué à la présentation: ‘Etudier les microbiotes ruminaux afin de réduire les émissions de méthane entériques ?‘

Elle explique : « Les microorganismes du rumen sont des acteurs clés de la digestion des rations et certains membres de ce microbiote sont responsables de la méthanogénèse. Une meilleure compréhension du processus de fermentation du rumen aide les chercheurs à comprendre les facteurs nutritionnels qui peuvent affecter les émissions de méthane. En particulier, l’hydrogène (H2) joue un rôle central dans la production de méthane. Ainsi, soit la réduction de la production d’hydrogène, soit l’augmentation de la consommation d’hydrogène par le microbiote du rumen peut contribuer à réduire les émissions de méthane. « 

La manipulation du régime alimentaire peut avoir un impact sur l’équilibre entre les producteurs et les utilisateurs d’hydrogène dans le rumen et peut ainsi réduire les niveaux de méthane. Par exemple, Popova et Chaucheyras-Durand ont montré dans leur présentation qu’une combinaison de graines de lin et de nitrate chez les taureaux d’engraissement a conduit à une réduction de 9 % des émissions de méthane (Doreau et al., 2018). Cela s’explique par des changements dans l’activité du microbiote du rumen, avec une diminution des bactéries productrices d’hydrogène de la famille des Ruminococcaceae, une augmentation de l’abondance relative des bactéries réductrices de nitrates, et une réduction significative de l’activité d’Archaea (Methanomassiliicoccaceae) méthanogène spécifique (Popova et al., 2017).

La retransmission intégrale de la conférence, en français, est disponible en ligne à l’adresse suivante : http://journees3r.fr/spip.php?article4902