Point de vue d’expert: Caroline Achard sur les effets du stress thermique sur le microbiote des porcs

Caroline Achard, Ph.D., Responsable de recherches au Centre d’excellence monogastrique Lallemand

Existe-t-il un lien évident entre le profil du microbiote et la réponse de l’animal au stress thermique ? Comment interpréter ce phénomène ?

Dans notre étude, nous avons démontré que le stress thermique modifiait la composition du microbiote intestinal des porcs. En comparaison avec une période thermiquement neutre, les animaux soumis à un stress thermique présentaient des comptages importants dans le groupe Clostridium sensu stricto, et dans les taxons des Romboutsia et des Ruminococcaceae. Ces changements sont susceptibles d’avoir des conséquences néfastes sur les performances des porcs.

Quel est l’effet de la supplémentation avec les levures vivantes Saccharomyces cerevisiae boulardii CNCM I-1079 sur le microbiote dans le modèle de stress thermique ?

La supplémentation avec le probiotique a atténué certains effets délétères du stress thermique en augmentant l’abondance de certaines bactéries bénéfiques telles que Lactococcus lactis et le genre Subdoligranulum. L. lactis semble interagir favorablement avec le système immunitaire de l’hôte.

Est-il possible d’établir un lien entre cette modification du profil du microbiote et la réponse physiologique observée chez les porcs ?

En effet, des comptages élevés de Lactococcus lactis étaient associés à une augmentation de la matière sèche ingérée et à une meilleure rétention d’énergie pendant le stress thermique, ce qui a permis de préserver les performances. Une augmentation des Ruminococcus bromii avant le stress thermique était également corrélée à une augmentation de la matière sèche ingérée et à une meilleure rétention d’énergie pendant le stress thermique (Graphique). Cette espèce, particulièrement importante pour la croissance d’autres micro-organismes capables de dégrader l’amidon résistant, aide donc les porcs à gérer les défis du stress thermique.