Blog | Temps de lecture 4 minutes

Nourrir les vaches laitières en 2023 et au-delà

Nourrir les vaches laitières en 2023 et au-delà

Trevor DeVries, professeur à
l’Université de Guelph (Canada)

  • L’alimentation des vaches, c’est d’abord l’alimentation du rumen. Mais comment définir un rumen en bonne santé ?

Un rumen en bonne santé est un rumen qui permet à la vache de maintenir une consommation de matière sèche élevée, et qui assure en même temps une stabilité de la population microbienne, se traduisant par une digestion efficace des aliments ingérés. En nutrition des vaches laitières, on cherche à éviter les fluctuations importantes de l’accumulation d’acide dans le rumen. En effet, un pH faible a des effets négatifs sur les microbes et l’intégrité de la paroi du rumen, ce qui entraîne la chute du taux butyreux et la réduction de l’efficacité de la digestion, entre autres.
Un rumen en mauvaise santé conduit à une consommation alimentaire irrégulière, des modifications microbiennes, une efficacité réduite, etc. Et cela devient un cercle vicieux. Tout est question d’équilibre. Outre les rations apportées aux vaches, on sait aussi que le comportement alimentaire a un effet sur le fonctionnement et sur la santé du rumen. Il est donc important de le prendre en compte.

  • Pouvez-vous expliquer pourquoi le comportement alimentaire est important ?

Professor Trevor DeVries was one of the speakers at the technical event ‘Feeding dairy cows in 2023, the latest updates: welfare and precision feedingFrom left to right: Nicolaas Vreeburg, DVM, Lallemand Animal Nutrition, Trevor DeVries, Bertjan Westerlaan, DVM, Vetvice, Netherlands, and Laurent Dussert, Global Category Manager, Lallemand Animal Nutrition

Le professeur Trevor DeVries était l’un des conférenciers du congrès technique « Feeding dairy cows in 2023, the latest updates: welfare and precision feeding », organisé par Lallemand Animal Nutrition les 9 et 10 novembre à Wageningen aux Pays-Bas.

On sait que le comportement alimentaire est une caractéristique génétique affectant la matière sèche ingérée (MSI), qui modifie elle-même directement la production de lait. Donc, si on veut augmenter la MSI, il faut se pencher sur le comportement alimentaire de la vache, par exemple le moment et le volume des repas.
Si on parvient à mieux gérer tout ces éléments, on augmente la production.
Il ne faut pas oublier non plus le comportement des vaches après les repas. Il est important qu’elles disposent de suffisamment d’espace et de temps pour se coucher confortablement et ruminer. La rumination, notamment celle qui se produit lorsque la vache est couchée, est également associée à une MSI plus importante.

De petits ajustements du comportement alimentaire par le biais de la ration, de l’hébergement et de la gestion peuvent avoir un impact important.

 

  • Appliquons-nous bien l’alimentation de précision aux vaches laitières ?

L’alimentation de précision consiste à apporter les bons nutriments aux bons animaux au bon moment. Le scénario idéal consiste à donner à chaque vache une ration sur mesure qui réponde parfaitement à ses besoins nutritionnels. Dans une certaine mesure, nous pouvons le faire en supplémentant les aliments individuellement (par exemple dans un robot de traite) et/ou en créant des groupes en fonction du stade de lactation et des niveaux de production de lait. De cette manière, nous évitons de sous-alimenter ou de suralimenter les vaches et nous pouvons être plus efficaces en termes de coûts et d’alimentation.

L’alimentation de groupes spécifiques est déjà un grand pas en avant dans l’alimentation de précision et une pratique de plus en plus courante dans les grandes exploitations. Mais donner à chaque vache un régime alimentaire différent et spécifique peut être lourd dans la pratique. Je vois un grand potentiel dans l’utilisation de la technologie et des capteurs pour améliorer l’alimentation de précision des vaches laitières. La mesure du temps passé par les vaches à manger et à ruminer nous fournit davantage de données et nous sensibilise au rôle du comportement alimentaire, ce qui nous permet d’ajuster les régimes, mais aussi la gestion de l’alimentation, ou d’examiner d’un œil critique les densités de peuplement, par exemple. Une meilleure compréhension des facteurs alimentaires et non alimentaires est un élément important de la nutrition de précision des vaches laitières.

Certains additifs alimentaires constituent également, un élément essentiel de l’approche de la nutrition de précision, en particulier lorsqu’ils sont administrés aux bons animaux au bon moment. Chez les vaches laitières, les additifs alimentaires -tels que les suppléments de levure – peuvent notamment contribuer à stabiliser la fonction du rumen, à augmenter la rumination et à accroître le pourcentage de graisse du lait.

Dans les années à venir, je vois l’art de l’alimentation de précision des vaches laitières se développer et prendre de l’ampleur. C’est un domaine passionnant.

Le professeur Trevor DeVries était l’un des conférenciers du congrès technique « Feeding dairy cows in 2023, the latest updates: welfare and precision feeding », organisé par Lallemand Animal Nutrition les 9 et 10 novembre à Wageningen aux Pays-Bas.

Publié May 17, 2023 | Mis à jour Jun 20, 2023

LEVUCELL SCRuminantsVache laitière