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Les premiers jours des veaux: quels impacts sur leur système digestif ?
Il faut deux ans à un veau à vocation laitière pour exprimer tout son potentiel génétique en termes de production laitière.
Lors de la première lactation, plus de 20 % de la variation de la production laitière peuvent être directement associés aux performances de croissance au cours des premières semaines de vie. Cette période est donc essentielle à un développement ruminal optimal, qui sera la clé des performances futures. Un développement et un sevrage précoces représentent de véritables défis pour la maturation du rumen et l’établissement de son microbiote. Mais que se passe t’il réellement lors de cette période ?
Le veau passe de monogastrique à ruminant
Les premières semaines
Les ruminants naissent monogastriques. Au cours de leurs deux premiers mois de vie, les veaux subissent des changements physiologiques majeurs, puisque leur système digestif passe d’un système monogastrique à un système ruminant capable de digérer les fibres végétales.
Au cours des premières semaines de vie, les dimensions et les proportions des différents compartiments de l’estomac des veaux changent radicalement. Ces changements sont influencés par la ration.
L’évolution du rumen
À la naissance, le réseau et le rumen représentent 30 % du système digestif supérieur (intestin non compris), même s’ils ne sont pas encore fonctionnels. Le feuillet représente environ 10 % et l’abomasum ou caillette (c.-à-d. l’estomac acide sécrétant des enzymes) environ 60 %. L’abomasum est le seul estomac fonctionnel à la naissance. Pendant leurs premiers jours de vie, les veaux ne se nourrissent que de lait. À 12 semaines environ, le réseau représente plus des deux tiers du poids total des estomacs. Le volume du rumen passe de 0,5 l à la naissance à 10 l vers l’âge de quatre mois, pour atteindre plus de 100 l à l’âge adulte (figure 3).
En parallèle, la structure de la paroi ruminale subit une évolution considérable pour atteindre son état fonctionnel. À la naissance, les parois ruminales du veau sont très fines et ne présentent aucune papille visible. Sa surface d’absorption est par conséquent extrêmement limitée. Le développement des papilles dépend beaucoup de l’alimentation, en particulier de la présence de céréales solides. C’est la fermentation des céréales dans le rumen, par la production d’AGV (en particulier d’acide butyrique et de certains acides propioniques), qui stimule la croissance des papilles.
De plus, le développement des papilles est étroitement lié au microbiote ruminal et à sa diversité. Au fur et à mesure que les papilles ruminales se développent, une plus grande surface est disponible pour l’absorption des nutriments dans le rumen. En effet, le microbiote ruminal évolue également au cours de ces premiers mois.
L’impact sur le microbiote
Les veaux naissent sans microbiote car leur tube digestif est stérile. Cependant, le microbiote gastro-intestinal est essentiel à la digestion des ruminants. C’est la fermentation microbienne qui a lieu dans le rumen, qui fournit à l’animal les sources essentielles d’énergie et d’azote. Une diversité et une abondance importantes de micro-organismes jouent un rôle clé dans la dégradation de la biomasse végétale.
La colonisation microbienne du veau nouveau-né suit une séquence très précise et l’inoculation débute dans la filière pelvienne, ainsi que par la salive, la peau et les excréments de la mère. Des recherches ont montré une corrélation positive entre le nombre de souches bactériennes différentes dans le rumen (diversité) et la longueur des papilles ruminales, ainsi que l’épaisseur de la paroi ruminale et le poids du rumen. Toutes ces caractéristiques sont liées à l’optimisation de la fonction et de l’efficacité ruminale.
De nombreux événements peuvent compliquer l’établissement du microbiote. Il est fort probable qu’une séparation maternelle précoce puisse nuire à la colonisation microbienne du rumen, à son équilibre et à son fonctionnement. Des recherches ont confirmé que, pour des agneaux séparés précocement de leur mère, aucun établissement significatif de micro-organismes essentiels pour la dégradation des fibres n’avait lieu avant l’âge de 60 jours (Chaucheyras et al., 2019).
L’étape du sevrage
Le sevrage est un défi pour l’animal, le rumen et son microbiote. La diversité ruminale diminue avec l’augmentation de la consommation d’aliment de démarrage et la diminution du pH ruminal. Lors du sevrage, la composition microbienne change radicalement, car l’abondance relative des phylas bactériens, c.-à-d. les rangs taxonomiques les plus élevés du domaine des bactéries, est nettement modifiée.
Publié Apr 1, 2023 | Mis à jour Jun 21, 2023
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